Soirée 01 octobre 2007
La veille, j'ai rencontré Raj, "mon" guide. Nous avons mis au point mes sacs. L'un pour le porteur, le nouveau acheté dare-dare pour mes effets de jour. Bonne entrevue.
Le soir, je file à Thamel. Direction le cyberspace, ensuite le Bistro où je m'envoie une pinte d'Everest Beer et un plat indien (poulet-riz). Etat d'ébullition des pieds, des mirettes. Thamel est un flot insésent de rickshaws, taxis, motos, touristes. Pas loin, un concert made in Népal : Nirvana, Lou Reed et des classiques des années 60. Freak Street et ses Hippies n'est guère loin en années.
Je brasse dans la foule, me perds vers les échoppes. Enseveli dans ce brouhaha, j'exulte. Premier grand voyage, je pense à ce cheminement intérieur. Tout voyage n'est pas un hasard. C'est une suite de vies. L'instant se consume en Namasté. La richesse est vers les autres.
Bookshop ; des ouvrages, des cartes, stickers ... . Je trouve un bouquin sur le Tour des Annapurnas. Plus loin, un Messner, une David-Néel, non loin Krakauer.
Repu, je m'enfonce dans les ruelles vers l'hôtel. Une douche (chaude) pour me rincer. La nuit sera courte. Toujours ce calou. Le chien Kathmandien dort la journée à même la rue ou dans un caniveau. La nuit venue, il maraude en aboyant.
02 octobre 2007
Lever 5h30. Maugréant après le calou, je traîne mes savates vers la douche. Eau froide pour réajuster mon humeur... . Le petit déjeuner bien calé, je donne le sac de voyage au concierge. Dehors, le porteur et le guide, brève présentation. Et, la clochette accrochée à mon sac à dos tinte le départ à 7 heures.
Hey!! Taxi!!
On s'engouffre dans le petit taxi. Les sacs à dos dans le coffre débordent. Le taxi-driver klaxonne à tout-va. Comme un Jack Kérouac népali... . Raj sifflote. La foule pédestre se mêle à celles des camions et motos. Le véhicule tangue entre les monstres de ferrailles aux flatulences noires.
Local Bus Station
Ils sont là, alignés. Les fameux bus locaux... . Cohue devant la boutique à ticket. Raj me dit d'attendre avec Dhané. Il disparait, revient quelques minutes plus tard. Direction un bus où s'attroupent touristes et népalis. On s'arrange pour mettre le "gros sac" dans le coffre.
Attente, prise de cocculine. Pas trop envie d'avoir la nausée. Les touristes sont incrédules. Qu'est-ce qu'on fout dans ce truc-ambulant? Les chauffeurs et aides vont, viennent, parlementent. Changement de places, non. Tout va bien.
Je suis placé à deux touristes près du chauffeur. Donc, je vois la route... . Le bus s'ébroue dans un craquement de bielles usagées. Il pète tant qu'il peut envoyant dans les airs tous les gaz de ses entrailles mécaniques.
Le trajet va durer 7 heures... Tu pries... Tu dors... Tu bois. Dans le meilleur des cas, tu vomis.
Sortir de KTM est une toute autre histoire, même une aventure.
Nombreux arrêts pour remplir la bête au maximum. Ils sont trois à se partager la tâche. Deux pour le volant, un autre au portillon pour héler les éventuels passagers. Besisahar!! Didi, Besisahar! Daï... . Le portier s'enquiert de la somme et hop, le bus s'élance péniblement avalé dans la circulation.
KTM s'éloigne. Campagnes népalis, routes défoncées, cheminées de four à briques perdues dans les rizières. Postes de police, casernements, Tata (comme Peugeot), échoppes, la vie respire.
Le bus grimpe, dévale. Végétation tropicale. Les paysages défilent. Premiers sommets enneigés au loin. Je discute longuement avec Raj sur tous les sujets, le Népal, ses habitants... . Dhané ronfle sous sa casquette, se réveille parfois. It's Ok ! Ok! Me répond-t'il, un large sourire irradiant son visage camouflé par son béret Quicksilver.
Lumières explosives, champs de rizières, collines. La Trisuli Khola sillonne la vallée, étincelante. Question route, je m'habitue un peu. Ils doublent de partout. Virage sec, ça double en klaxonnant comme des "diablotins". Ah! un vieux camion gisant au bord du ravin, son sang huileux suintant de son cœur.
Les zones de travaux sont signalées par un bout de chiffon crasseux, à peine rouge, attaché sur un pieux de bois ou autre.
Dans le bus, les autres touristes parlent peu. Parmi eux, un jeune couple dont la fille est blême comme un linge. Lors de l'arrêt du midi, en allant tester la gastronomie locale, elle ira déposer délicatement quelques relents gastriques afin d'engraisser l'herbe locale.
Vive le Dhal Bat. Poulet, riz, lentilles et petits légumes. Je m'en tiens au riz-lentilles. Le poulet me chauffe un peu les papilles.
Reprise de la route. Auparavant, le bus s'est réhydraté un peu. La route, toujours aussi sinueuse. Selon les obstacles, camions ou autres, descentes vertigineuses (un peu exagéré afin de pimenté le récit, chut!!), les freins chauffent. A se demander s'ils vont fondre.
Plus en avant sur la route, nous arrivons à Manakamana. Et là, surprise un télé-cabine!! Il emporte les touristes vers Bhagvati Mandir, un centre de pèlerins. Incrediiible!!
Le reste du trajet sera avalé en somnolence. Besisahar s'approche. LA route devient un filet de goudron. Trajet épique.
Arrivés, on fond sur l'hôtel. Repos après cette épreuve en local bus. Epuisante... .
Namasté, la chambre s'ouvre. C'est sobre et rustique. Il fait chaud ici. Atmosphère moite. Et, soudain, un quelque chose cavale sur le sol. Un cafard! Bienvenue, cela me rappelle l'ïle de La Réunion où dans les douches de la caserne, des cafards s'en donnaient à cœur-joie... .
La fin d'après-midi est calme. Perché sur l'escalier du toit, je regarde la vie. Rizières, les népalis dans leurs occupations, les gamins qui jouent. Le linge sèche sur les rambardes.
Le soir, discussion, tournée d'Everest Beer avec un ... dhal bat. Rencontre avec un couple de vagabonds australiens. La bière s'écoule. J'achète une carte. Nous discutons pour la première étape. Prévoir beaucoup d'eau ; il fera chaud. Un petit coup de Micropur...
Départ à la fraîche... . Le Trek des Annapurnas commence, présent de son mythe. De cette puissance dans son nom ; Annapurnas, Himalaya.